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Pleins Feux Sur Les Chercheurs De Springboard : Lukas Swan De L’université Dalhousie

Le Canada atlantique compte plus de 10 000 chercheurs universitaires dans une multitude d’établissements postsecondaires. Le réseau Springboard Atlantic sert de passerelle de rapprochement et de collaboration entre ces grands esprits et le milieu des affaires régional.

Nous tenions donc à mettre en valeur certaines de ces personnes — les professeurs qui se donnent à fond dans leur établissement et ceux qui doivent à la fois enseigner, gérer des laboratoires de recherche et exécuter divers contrats de recherche avec l’industrie. Pour donner le coup d’envoi à notre nouvelle série Pleins feux sur les chercheurs, nous vous présentons une entrevue avec Lukas Swan de l’Université Dalhousie, un ingénieur mécanique qui se spécialise dans les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie. Dans cet entretien, nous discutons de ses domaines de prédilection en recherche et de l’avenir du stockage de l’énergie et des énergies renouvelables. Sans plus attendre, faisons connaissance avec M. Swan :

Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux énergies renouvelables?

D’abord, mon père est ingénieur et son père à lui était mécanicien d’automobiles. J’ai donc été initié au monde technique dès mon plus jeune âge. Quand j’avais environ 10 ans, mon père m’a acheté une trousse de voiture solaire que j’ai assemblée et qui tournait en rond par elle-même quand il y avait du soleil.

Mon intérêt pour les véhicules électriques (VE) s’est accru quand j’ai travaillé comme mécanicien d’automobiles pendant mes études secondaires et universitaires. Je construisais également des voitures de course électriques avec mon père, et ensemble nous avons beaucoup appris sur les voitures électriques et les batteries.

Je suis allé à l’école et je suis devenu ingénieur (mécanique). Puis, en 2010, un nouveau poste de professeur en énergie et en génie mécanique a été créé à l’Université Dalhousie. J’ai donné quelques cours et tout s’est très bien passé. J’ai donc décidé, la même année de lancer un nouveau programme de recherche sur le stockage des énergies renouvelables à l’Université.

Qu’est-ce que le stockage des énergies renouvelables?

Il s’agit d’utiliser des éléments comme le vent et le soleil pour alimenter un système de stockage d’énergie, puis de libérer cette énergie (stockée) pour répondre aux différents besoins du réseau électrique. J’encourage l’électrification de tout : voitures, pompes à chaleur, etc. J’espère même commencer à travailler bientôt à des bateaux et à des avions électriques.

Depuis 2010, mon programme de recherche s’est considérablement développé. Nous avons maintenant, il me semble, le principal laboratoire de recherche appliquée sur les batteries dans l’est du Canada. Nos compétences d’expérience pratique sont très solides et nous nous sommes taillé une belle place grâce à notre vaste gamme d’équipements uniques en leur genre dans la région.

Comment vos recherches ont-elles évolué au fil des années?

De 2010 à 2015, la recherche était axée sur la capacité et l’efficacité, ainsi que sur les performances thermiques des batteries. Au cours des cinq dernières années, nous avons vraiment repoussé les frontières pour effectuer des travaux assez uniques, comme des études sur la dégradation de la performance en parallèle au vieillissement des batteries, ou sur la fiabilité de la capacité de ces batteries lorsque les besoins en électricité se font le plus ressentir.

Nous nous posons des questions comme celles-ci : lorsque vous aurez besoin d’électricité en cette froide journée d’hiver, en aurez-vous? Que se passera-t-il si le vent ne souffle pas? Ou s’il n’y a pas de soleil?

Ensuite, toutes nos recherches, nos données et nos modèles viennent éclairer de nouvelles politiques dans la province et la région. Nous travaillons souvent avec les ministères de l’Énergie de diverses provinces ainsi qu’avec les entreprises de services publics, et nous leur offrons des conseils. Nous ne faisons pas vraiment de recherche théorique : dans presque tous nos projets, nous collaborons avec d’autres groupes.

Excellent! Quelles autres mesures de soutien de l’écosystème avez-vous mobilisées et comment l’industrie s’est-elle développée en parallèle à vos recherches?

Nous faisons appel à tous les organismes que vous pouvez imaginer, notamment le CRSNG, le PARI et MITACS, pour n’en nommer que quelques-uns, et nous avons beaucoup de contrats de recherche avec l’industrie. Je constate que l’industrie s’intéresse vraiment aux projets de stockage d’énergie et de batteries. Avant, je devais sortir de la Nouvelle-Écosse pour collaborer avec l’industrie, mais maintenant, il y a tout un groupe d’entreprises qui veut travailler avec nous dans le Canada atlantique. La semaine dernière, par exemple, notre laboratoire a reçu une livraison de batteries qui fonctionnent à l’aide d’un nouveau mécanisme chimique et, incroyablement, ces batteries ont été fabriquées ici même en Nouvelle-Écosse.

En plus, la personne qui nous les a livrées était un ancien élève à moi! Les étudiants de mon laboratoire décrochent leur diplôme et vont travailler dans les entreprises avec lesquelles nous avons fait équipe, ou créent leurs propres entreprises dans les provinces de l’Atlantique, puis nous envoient leurs produits.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans vos recherches? 

J’adore l’énergie renouvelable. Voir ces systèmes énergétiques fonctionner, être efficaces, durer longtemps et être rentables, c’est très stimulant pour moi.

J’ai assisté à trop de réunions et de conférences où les gens disaient : « Oh, ça ne fonctionnera pas, c’est trop cher, l’énergie éolienne serait trop chère, l’énergie solaire serait trop chère et il y aura constamment des bris ». Ces gens ont tort, et mon laboratoire leur en donne la preuve. J’accorde une très grande valeur à cette technologie et je sais pourquoi elle surpasse les technologies de combustibles fossiles traditionnelles. C’est une question de principes fondamentaux de l’être humain : nous aimons ce qui est silencieux, ce qui est inodore, ce qui ne tremble pas et ce qui nécessite peu d’entretien. Comparez ces critères à la typique centrale électrique à combustible fossile ou à votre voiture à essence et vous comprendrez pourquoi les énergies renouvelables sont un meilleur choix pour les gens et pour la planète.

Y a-t-il des besoins industriels que vous entrevoyez pour Canada atlantique et auxquels votre laboratoire pourrait répondre?

Je sais que nous aurons bientôt une quantité énorme de VE qui devront être recyclés, et je me demande souvent ce qu’on va faire de toutes ces batteries.

Toutes les voitures finissent un jour par être retirées de la route : elles rouillent, sont impliquées dans un accident ou ne sont plus au goût du jour (certains se lasseront de leur Cutlass 1987!), mais les batteries des véhicules électriques sont si bien conçues qu’elles dureront plus longtemps que les voitures elles-mêmes. Nous cherchons donc à déterminer comment sortir la batterie de la voiture pour lui donner une seconde vie et la réaffecter au stockage des énergies renouvelables.

Et que se passe-t-il d’autre dans votre laboratoire? Avez-vous des mots d’encouragement à communiquer?

Il y a environ huit projets de recherche en cours au laboratoire en ce moment. Comme nous sommes au Canada atlantique, notre groupe de recherche a tendance à s’orienter dans toutes sortes de directions simultanément pour mieux répondre aux besoins locaux. Récemment, nous avons obtenu deux subventions importantes, dont une subvention d’infrastructure FCI/NSRIT, ce qui signifie que nous allons munir notre laboratoire de nouveaux équipements. Grâce à cette subvention, nous allons construire la chambre d’essais de batteries la plus grande et la plus puissante au Canada atlantique. Nous venons également d’obtenir une subvention du Programme FONCER du CRSNG, qui nous aidera à créer des ateliers sur l’énergie et tisser de nouveaux liens entre les partenaires de l’industrie de l’énergie et l’Université.

Je ne pense pas qu’il y ait eu une seule entreprise qui ait voulu collaborer avec nous et qui ait eu de la difficulté à le faire. Je suis toujours épaté par les systèmes de soutien qui permettent d’assurer ce type de collaboration dans la région. Et continuez à embaucher les excellents diplômés de l’Université Dalhousie!